Les étudiantes afghanes devront porter une abaya noire (large voile couvrant le corps) assortie d'un niqab (couvrant le visage mais laissant apparaître les yeux) pour continuer à suivre des enseignements dans des classes non mixtes, selon un décret publié par le nouveau régime taliban ce dimanche 5 septembre, à la veille de la réouverture des universités privées du pays, lit-on sur Le Point.
Les femmes inscrites dans ces établissements devront également quitter la classe cinq minutes avant leurs homologues masculins et patienter dans des salles d'attente le temps que ces derniers aient quitté les lieux, précise ce décret daté de samedi et publié par le ministère de l'Enseignement supérieur. Les universités seront quant à elles tenues de « recruter des enseignantes pour les étudiantes », ou tenter de recruter « des enseignants âgés » dont la moralité aura été passée au crible, peut-on encore lire dans ce décret.
Mais ces conditions, ainsi que la création de classes non mixtes « vont être compliquées d'un point de vue pratique, nous n'avons pas suffisamment d'enseignantes ni suffisamment de salles de classe pour séparer les filles » des garçons, souligne un professeur d'université, qui a requis l'anonymat. « Mais le fait qu'ils permettent aux filles d'aller à l'école et d'aller à l'université est en soi une étape importante et positive », ajoute-t-il.
Entre 1996 et 2001, le port de la burqa était obligatoire
Lors du premier passage au pouvoir du mouvement islamiste entre 1996 et 2001, la règle de la non-mixité avait empêché la quasi-totalité des femmes d'étudier. Le port de la burqa, lui, était déjà obligatoire.
Quant aux vingt dernières années, en dépit de la supervision américaine, les écoles et les universités n'ont pas été épargnées par les violences qui ont secoué le pays et ont essuyé plusieurs attentats meurtriers. Les talibans ont toujours nié toute implication dans ces attaques, dont certaines ont été revendiquées par la banche locale du groupe État islamique.
Aussi, la question des droits des femmes est celle sur laquelle les talibans, qui ont pris le pouvoir le 15 août dernier à l'issue d'une offensive militaire éclair, sont le plus attendus par la communauté internationale. Cette dernière, ainsi qu'une partie de la population afghane, garde en effet en mémoire la brutalité du mouvement islamiste, qui s'efforce, depuis son retour au pouvoir, de montrer un visage plus modéré.
Source AFP