Les bruits de bottes se font un peu plus entendre en Europe. Le président américain, Joe Biden, a indiqué vendredi qu’il enverrait « prochainement » un petit nombre de militaires américains en Europe de l’Est. Cette décision intervient sur fond de tensions avec la Russie autour de l’Ukraine.
« Je vais envoyer des troupes américaines en Europe de l’Est et dans les pays de l’Otan (NDLR : Organisation du traité de l’Atlantique nord) prochainement. Pas beaucoup », a déclaré le président américain à des journalistes à sa descente d’avion, au retour d’un déplacement dans l’Etat américain de Pennsylvanie. Les Etats-Unis ont déjà placé 8500 militaires en alerte pour renforcer l’Otan.
Joe Biden a toutefois dit et répété qu’il n’est pas question d’envoyer des troupes américaines en Ukraine, qui n’est pas membre de l’alliance militaire. Un envoi de troupes dans les pays de l’Est serait cependant un moyen de pression supplémentaire sur le président russe Vladimir Poutine, dont les Américains estiment qu’il pourrait attaquer l’Ukraine au mois de février.
La guerre n’est « pas inéluctable »
Le ministre américain de la Défense, Lloyd Austin, a estimé vendredi qu’avec plus de 100 000 soldats russes déployés aux frontières ukrainiennes, la Russie a amassé des forces suffisantes pour une invasion. Mais il a souligné qu’un conflit entre l’Ukraine et la Russie n’est « pas inéluctable ». « Il reste du temps et du champ pour la diplomatie », a-t-il ajouté. A Londres, le Premier ministre britannique, Boris Johnson, s’est dit « déterminé à accélérer les efforts diplomatiques et à renforcer la dissuasion pour éviter une effusion de sang en Europe », selon une porte-parole de ses services.
« La probabilité de l’attaque existe, elle n’a pas disparu et elle n’a pas été moins grave en 2021 ». Mais « nous ne voyons pas d’escalade supérieure à celle qui existait » l’année dernière, a de son côté déclaré vendredi Volodymyr Zelensky, le président ukrainien. « Nous n’avons pas besoin de cette panique », a-t-il souligné, tout en appelant la Russie à « faire des pas pour prouver » qu’elle ne va pas passer à l’attaque. « Le plus grand risque pour l’Ukraine » actuellement, c’est « la déstabilisation de la situation à l’intérieur du pays. »
La Russie dément, elle, tout projet d’invasion, mais s’estime menacée par l’expansion de l’Otan depuis 20 ans et par le soutien occidental à l’Ukraine. Elle a donc lié la désescalade à la fin de la politique d’élargissement de l’Alliance atlantique, notamment à l’Ukraine, et au retour des déploiements militaires occidentaux aux frontières de 1997.
Les Etats-Unis et l’Otan ont rejeté mercredi ces demandes. Les Européens et les Américains ont promis de dures sanctions en cas d’attaque contre l’Ukraine. Ont été évoqués le gazoduc stratégique Nord Stream 2 entre la Russie et l’Allemagne, ou encore l’accès des Russes aux transactions en dollars, la monnaie reine dans les échanges internationaux. Etats-Unis et Europe travaillent par ailleurs à un renforcement des livraisons de gaz naturel à l’Europe pour faire face aux conséquences d’une éventuelle invasion russe en Ukraine.
Par Le Parisien avec AFP