Quito - La Cour constitutionnelle de l'Équateur a rejeté six actions intentées contre la décision du président Guillermo Lasso de dissoudre l'Assemblée nationale et de convoquer des élections anticipées, alors qu'un processus parlementaire pour le destituer était en cours, a rapporté vendredi l'agence de presse Associated Press (AP).
Dans un communiqué, le tribunal a révélé que les trois juges qui ont analysé les six actions d'inconstitutionnalité ont décidé "à l'unanimité" de les rejeter, jeudi, ainsi que les demandes de suspension provisoire du décret présidentiel.
Dans les six ordonnances, les juges ont défendu qu'aucun tribunal en Équateur « n'a compétence pour statuer sur la vérification et la motivation de la cause de la grave crise politique et de l'agitation interne invoquées par le président de la République pour dissoudre l'Assemblée nationale ».
"De cette manière, la Cour constitutionnelle doit rendre des décisions en temps opportun en réponse au moment que traverse le pays", indique le communiqué.
La présidente du Conseil national électoral, Diana Atamaint, a annoncé, jeudi 20 août, la tenue d'élections générales anticipées, les troisièmes élections en quatre ans en Équateur.
Si nécessaire, le second tour aurait lieu le 15 octobre, de sorte que le nouveau président entrerait en fonction vers novembre, a indiqué Atamaint, avant de révéler le calendrier, qui raccourcirait également la campagne électorale de 45 à 15 jours.
Le conservateur Guillermo Lasso a annoncé mercredi, dans un message à la nation, la mesure, prévue dans la Constitution équatorienne de 2008, suite aux "graves troubles internes et politiques" que connaît le pays.
La décision est intervenue après que Lasso ait comparu au parlement mardi pour présenter sa défense dans une affaire de détournement de fonds présumé, un processus initié par l'opposition et qui pourrait conduire à sa destitution.
Lasso s'est défendu devant le parlement, insistant sur le fait qu'il n'y avait aucune preuve ou témoignage d'actes répréhensibles.
Les législateurs accusent Lasso de ne pas avoir résilié un contrat entre la société publique de transport pétrolier Flota Petrolera Ecuatoriana et l'entité privée Amazonas Tankers.
Les députés de l'opposition affirment que Lasso savait que le contrat était plein d'irrégularités et coûterait à l'État des millions de dommages et intérêts, une situation que le président nie.
L'approbation de sa destitution au parlement aurait nécessité 92 voix, soit l'équivalent des deux tiers des parlementaires.
Selon l'agence de presse Associated Press (AP), le président équatorien pourra gérer le pays, pendant une période pouvant aller jusqu'à six mois, par décrets, en matière économique urgente, qui doit passer par l'appréciation de la Cour constitutionnelle.
Lasso, un ancien banquier, a été élu en 2021 et fait face à une forte opposition à l'Assemblée nationale de 137 membres depuis le début de son mandat.