Washington – Les États-Unis ont exhorté mardi toutes les nations à réfléchir deux fois avant d'aller de l'avant avec toute normalisation avec le président syrien Bachar al-Assad dans le sillage d'un rapprochement entre la Syrie et la Turquie.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan, l'un des principaux partisans des rebelles qui cherchent à renverser Bachar al-Assad depuis 2011, s'est désormais montré ouvert à une rencontre avec le dirigeant syrien.
Les ministres de la Défense de ces deux pays se sont rencontrés à Moscou, en Russie, fin décembre, lors de la première rencontre officielle à ce niveau entre les deux pays depuis le début de la guerre.
"Nous ne soutenons pas les pays qui intensifient leurs relations ou expriment leur soutien à la réhabilitation de Bachar al-Assad", a déclaré le porte-parole du département d'Etat américain Ned Price, s'adressant aux journalistes.
Le porte-parole de la diplomatie américaine a exhorté les pays à "examiner attentivement le bilan atroce du gouvernement Assad en matière de droits humains au cours des 12 dernières années alors qu'il continue d'infliger des atrocités au peuple syrien et de refuser l'accès à une aide humanitaire vitale".
Fin décembre, la Turquie, la Syrie et la Fédération de Russie ont discuté à Moscou de la remise au gouvernement syrien des zones contrôlées par la Turquie dans le pays et de la manière d'en finir avec les forces kurdes dans le nord-est.
Le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Çavuoglu, a par la suite assuré que la livraison à Damas des zones syriennes contrôlées par Ankara n'aura lieu que "quand il y aura une stabilité politique et que tout ira bien dans le pays".
Ces ministres ont également évoqué la fin de la présence dans le nord-est de la Syrie des Forces démocratiques syriennes, dont la principale composante, les Unités de protection du peuple (YPG), est considérée comme terroriste par Ankara.
Syriens, Turcs et Russes ont également évoqué le retour des réfugiés syriens résidant en Turquie, estimés à au moins 3,6 millions de personnes, la plus forte concentration dans un seul Etat.
Bachar al-Assad, soutenu par la Russie, a repris le contrôle de la majeure partie de la Syrie lors d'un conflit qui a tué un demi-million de personnes, déplacé la moitié de la population d'avant-guerre du pays et vu la montée du groupe "djihadiste" État islamique (EI).
L'année dernière a vu le nombre de morts le plus bas depuis le début du conflit et un nombre croissant de pays considèrent Assad comme le vainqueur.
En mars 2022, le dirigeant s'est rendu aux Émirats arabes unis, un allié des États-Unis, lors de son premier voyage dans un autre État arabe depuis la guerre.
A l'issue de la réunion ministérielle de Moscou, la Turquie a accueilli mardi les principales personnalités de l'opposition pour les rassurer et réitérer son soutien à la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU en faveur d'un règlement politique en Syrie.
Depuis 2020, les États-Unis ont autorisé l'application de sanctions contre Bachar al-Assad, tant que le gouvernement n'est pas tenu pour responsable des atrocités commises.